La gestion des ressources naturelles
Depuis les années 1970, la population mondiale a doublé, et le produit intérieur brut mondial a quadruplé, nécessitant de grandes quantités de ressources naturelles (PNUE, 2019). Selon l’ONU environnement, l’extraction et la transformation des ressources naturelles comptent pour environ 50% du total des Gaz à Effet de Serre (GES), les impacts liés à la pression sur les ressources de l’eau et à la perte de la biodiversité à cause de l’utilisation des terres sont encore plus significatifs à plus de 90%. Si la tendance à la hausse à l’utilisation des ressources persiste, l’atteinte de l’ODD 15.5 (arrêt de la perte de biodiversité) ainsi que des objectifs de l’accord de Paris (COP 21) sera incertaine. Selon les données du Centre Africain des Ressources Naturelles (ANRC) de la Banque Africaine de Développement (BAD), l’Afrique a une importante richesse en ressources naturelles : la plus grande masse de terres arables de la planète, les deuxièmes plus grands et plus longs fleuves (le Nil et le Congo), la deuxième plus grande forêt tropicale au monde, une valeur ajoutée totale des pêches et de l’aquaculture seule estimée à 24 milliards USD, 30% environ de toutes les réserves mondiales de minéraux (BAD/ANRC, 2016 : 3). La contribution des industries extractives aux finances publiques est significative, avec des recettes publiques de certains pays africains dépendant presque entièrement d’eux, pouvant contribuer à plus de 30 milliards de dollars par an en recettes des Gouvernements pour les 20 prochaines années. L’Afrique de l’Ouest est également passée première région minière aurifère, devant l’Afrique du Sud, selon le commissaire Énergies et Mines de la CEDEAO, faisant d’elle, une région au « coeur des enjeux géostratégiques » (Jeune Afrique,2018). La sous-région fournit aussi 10% du manganèse, 8% de la bauxite et 7% de l’uranium mondial, rapporte Jeune Afrique Économie (2018). Entre 2006 et 2017, plusieurs nouvelles mines ont été autorisées en Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina Faso, au Ghana et en Guinée. Deux types d’obstacles majeurs empêchent les pays africains de réaliser leur potentiel en termes de gestion et de mise en valeur de leurs ressources naturelles :
En rappel, en Afrique de l’Ouest et au Sahel, l’essentiel des gains de production est dû à l’extension des surfaces cultivées qui se traduit par une déforestation continue, la réduction des jachères, la réduction des zones humides et l’exposition des terres à l’insolation et à l’érosion. Tout porte à croire que l’aggravation de ces phénomènes traduit la faiblesse des investissements agricoles qui, lorsqu’ils sont disponibles, souffrent d’une orientation inappropriée souvent contraire aux énoncés politiques et stratégiques généralement parfaits. Ceci fait que, dans la région, les importations des denrées alimentaires (céréales notamment) s’accroissent alors que les productions nationales stagnent ou baissent de plus en plus d’année en année.
Il importe d’intégrer cette dimension amplifiée désormais par les effets pervers du changement climatique, l’insécurité, la ruée minière, somme toute, à l’origine de transferts massifs de populations vers d’autres zones ou d’autres secteurs d’activités non agricoles. De même, en Afrique de l’Ouest, entre les populations et les ressources naturelles, il s’est établi un lien à double sens, l’un vertueux porteur d’avantages à long terme donc compatible avec les principes du développement durable et l’autre, conflictuel porteur de revenus immédiats et de péril à terme.
Vertueux lorsque les populations sont tenues par les considérations culturelles et sociologiques qui tendent à favoriser la conservation des ressources naturelles, source de protection idolâtre et de réserves alimentaires non ligneuses, source aussi de plantes médicinales de pharmacopée. Partant, un équilibre est strictement entretenu entre l’homme et la nature d’où son caractère vertueux.Conflictuel au regard des comportements déviants qui rompent avec les us et coutumes traditionnels lesquels sont respectueux de l’environnement. Cette tendance suscite, au sein des populations, une perception qui consiste à couper et à vendre ce qui peut l’être, contribuant ainsi à la déstructuration des ressources naturelles. La vulnérabilité croissante des populations en zone rurale et la faiblesse de l’encadrement agricole et forestier facilitent cette pratique. Un changement fondamental dans la façon dont les ressources naturelles et minières sont utilisées dans le monde est nécessaire pour réussir d’ici à 2030, les ODD 8.4 relatifs à l’utilisation efficace des ressources, 12.2 relatifs à la gestion durable des ressources naturelles (UNEP, 2019). Les
avancées sur les matières combinées à des méthodes et des technologies de production novatrices, comme la fabrication et la construction numériques, peuvent aider à établir un équilibre entre les impacts de l’utilisation des ressources et le développement des infrastructures. « Grâce à une combinaison de politiques d’efficacité des ressources, d’atténuation du changement climatique,
d’élimination du carbone et de protection de la biodiversité, […] est possible et possible de faire croître les économies, d’améliorer le bien-être et de rester dans les limites de la planète » (UNEP, 2022). La concertation et la participation sont devenues la règle dans toutes les initiatives environnementales facilitant, par le fait même, l’adhérence des différents acteurs locaux, incluant les différentes instances de pouvoir traditionnelles et administratives (Talbot 2021). Pour relever les défis d’une gestion durable des ressources naturelles qui adapte les besoins de leur utilisation pour le bien-être humain et la nécessité de leur durabilité et préservation pour les générations futures, une approche participative, communautaire et inclusive est la meilleure condition.