Le Comité permanent Inter-États de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) avait pour mandat, à sa création le 12 septembre 1973, de s’investir dans la recherche de la sécurité alimentaire et dans la lutte contre les effets de la sécheresse et de la désertification, pour un nouvel équilibre écologique au Sahel.

Cinquante ans d’existence lui ont permis d’imposer sa notoriété dans les domaines de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SAN), de la Lutte contre la désertification et la sécheresse (LCD), de la Gestion des Ressources Naturelles (GRN), de la maîtrise de l’eau, des enjeux démographiques, de la promotion des échanges intra régionaux, etc., dans les pays, aux niveaux régional et international. Ainsi, le CILSS, à travers ses différents instruments et outils de gouvernance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de gestion des ressources naturelles dans son champ d’intervention, a permis aux États membres du CILSS et de la CEDEAO, de prévenir et de mieux gérer les crises alimentaires et nutritionnelles et les catastrophes naturelles. À titre d’exemples, on peut citer le déploiement et la mise en oeuvre effective de l’outil de référence en matière d’analyse de vulnérabilité sur l’insécurité alimentaire « Cadre Harmonisé (CH) », l’animation et le fonctionnement régulier depuis des décennies des cadres de concertations techniques et d’instruments de dialogue pour une prise de décision tels que le dispositif régional de veille sur la Prévention et Gestion de Crises (PREGEC), le Réseau de Prévention des Crises Alimentaires (RPCA), la Prévision saisonnière pour les pays du Golfe de Guinée (PRESAGG) et la Prévision saisonnière pour la zone du Sahel et Soudanienne (PRESASS), les protocoles de coopérations régionales sur les pesticides (COAHP), la biosécurité et les semences,
les formations thématiques, etc.

La réforme en cours initiée par le Conseil des Ministres du 11 mars 2017 à Nouakchott et adoptée par la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement des États membres du 7 février 2018 à Niamey, après les réformes de 1994 et de 2004, démontre que l’histoire de l’organisation a été marquée par des réajustements institutionnels successifs pour prendre en compte les nouveaux défis liés à son fonctionnement, à l’environnement institutionnel et aux préoccupations de ses États membres. Cette réforme a redéfini un nouveau mandat du CILSS comme suit : « S’investir dans la recherche de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et la lutte contre les effets de la désertification et du Changement Climatique pour un équilibre écologique et un développement durable au Sahel et en Afrique de l’Ouest ».

Après un demi-siècle d’existence et face aux défis actuels liés au changement climatique, aux systèmes alimentaires mondiaux, une dépendance sans cesse croissante vis-à-vis des produits extérieurs et à la nécessaire transformation des systèmes de production de la région, le CILSS doit s’adapter, se réinventer et envisager de nouvelles perspectives opérationnelles afin de faire face aux impératifs liés aux évolutions et aux attentes de ses États membres. Les interventions du CILSS se font dans des cadres programmatiques quinquennaux basés sur des plans stratégiques. Durant les quinze (15) dernières années, la mise en oeuvre des
actions de l’Institution a été orientée par les plans quinquennaux 2009-2013 et de 2015-2019, basés sur le Plan Stratégique (PS) 2020 structuré en trois (03) phases :
(i) Mise en oeuvre d’un plan de transformation et de renforcement des capacités du CILSS (2009-2013),
(ii) Déploiement de la stratégie (2015-2019) et (iii) Consolidation et pérennisation (2019-2020).

L’année 2019 fut la dernière année de mise en oeuvre du plan de travail mais aussi, la dernière année de réalisation de la vision 2020 du CILSS. Il importe de noter que cette dernière phase quinquennale 2015-2019 a été marquée par une crise institutionnelle survenue à la fin de l’année 2016 et qui a conduit à l’audit spécifique du système CILSS, dont le rapport a été soumis à la 52ème réunion du Conseil des Ministres du CILSS, tenue le 07 mars 2017 à Nouakchott en République Islamique de Mauritanie. Ce Conseil des Ministres avait donc décidé d’opérer l’actuelle réforme du CILSS, pour mieux l’organiser et l’outiller, au
regard des nouveaux défis émergents. Son but essentiel est de le rendre plus performant et capable de répondre aux besoins des populations sahéliennes et ouest-africaines.

La session extraordinaire du Conseil des Ministres du CILSS tenue à Ouagadougou, le 19 décembre 2019, sur l’analyse du processus de la réforme de l’Institution a, dans son communiqué final, instruit le Secrétariat Exécutif de travailler à la consolidation de l’identité spécifique du CILSS, son mandat et ses missions actuelles, de corriger les déséquilibres et dysfonctionnements organisationnels existants, et déboucher à terme sur le rétablissement progressif des équilibres financiers de l’Institution dans les trois
prochaines années. En outre, une véritable implication des États membres, à travers les CONACILSS dans la gouvernance du CILSS nouveau, a été recommandée.

À partir de 2020, il est apparu urgent et nécessaire d’élaborer un autre plan stratégique concomitamment avec le plan quinquennal 2023-2027 pour orienter et encadrer l’intervention de l’Institution dans ses États membres. C’est dans ce contexte que le CILSS a procédé à l’élaboration du plan stratégique 2050 et du plan de travail 2023- 2027. Cela répond à un double objectif : combler l’absence de plan stratégique directeur du CILSS et opérationnaliser, de façon optimale, la nouvelle réforme, en lien avec les enjeux du nouvel environnement régional et international relevant des domaines d’expertise de l’Institution.

Le PS 2050, basé sur les acquis du PS 2020, ambitionne de faire du CILSS, une institution sous régionale technique accomplissant pleinement sa mission régalienne.

La vision du PS 2050 est portée essentiellement sur :

• i) la contribution à la réalisation des ambitions stratégiques de développement des États membres, elles-mêmes fondées sur les stratégies et politiques adoptées par les organisations d’intégration politiques et économiques (CEDEAO et UEMOA),
• ii) les domaines prioritaires1 de l’agenda 63 de l’Union Africaine
• iii) les objectifs de développement, notamment les ODD (2, 3, 6, 13, 14, 15)